Les résultats de l’étude sur le système semencier du Mali, conjointement menée par l’AGRA et TASAI ont été rendu public ce mercredi 21 août 2019 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako en présence des acteurs du secteur. En marge des travaux, nous nous eut un entretien avec directeur de la société semencière Doun Ka Fa. Dans cette interview, nous avons évoqué avec Mamadou MAKADJI les principaux défis auxquels font face les acteurs des secteurs. Au cours de notre entretien, ce chercheur n’a pas manqué d’inviter l’État à subventionner les semences à l’image des engrais.
« Le résultat de cette enquête est très appréciable. Il a permis de voir comment se porte le secteur de la production semencière au Mali. Que ça soit au niveau des entreprises, des chercheurs, des variétés qui sont homologuées. On voit que c’est un secteur qui bouge, qui se porte très bien. Les défis qui se posent aux producteurs de semences au Mali sont très nombreux. Mais depuis quelques années, des efforts sont faits pour la production de semences. De même, les entreprises ont été équipées par certains partenaires comme le programme WAP, l’ONG AGRA, ainsi que d’autres bailleurs. Seul bémol, c’est qu’une fois la production faite, nos entreprises ont du mal à trouver un marché pour l’écoulement de ces semences certifiées. Si vous faites une enquête, le ministère de l’Agriculture va vous dire que le besoin de semences est estimé à 20 mille tonnes alors que la production de l’ensemble des entreprises tourne autour de 5 000 voire 6000 tonnes. En faisant un rapport entre ces deux estimations, vous verrez que notre pays a encore besoin de produire près de 14 mille tonnes de semences pour couvrir le besoin national. Malgré cet écart, quand vous faites un tour dans les magasins des entreprises, vous verrez que les semences sont stockées et qu’on n’a même pas vendu 200 tonnes sur les 6000 tonnes stockées dans les magasins.
Le paradoxe est que, quand l’État dit qu’il subventionne les engrais à 10 ou 20 milliards de F CFA, vous verrez en même temps que rien n’est subventionné au niveau des semences alors que les engrais sont achetés pour accompagner les semences. Donc, schématiquement, ça veut qu’on achète les engrais pour quelque chose qui n’existe même pas. Il est temps que nos autorités réfléchissent pour que cela cesse. Car, une entreprise qui produit et qui n’arrive pas à vendre, ça veut dire que l’année prochaine elle ne va pas produire. Et si les sociétés semencières ne produisent plus, les coopératives de production agricole risquent de ne pas produire. A la longue, on risque de se retrouver sans stock de semences. Imaginez que si les semences ne sont pas payées pour aller dans les champs, ça va finir dans les assiettes ou dans l’alimentation de bétails et de volailles. C’est vraiment une grande préoccupation ».
D’ailleurs, du côté de la société semencière Faso Kaba, la situation n’est pas reluisante. Présente lors de cette rencontre, la représentante de ladite société, Mme Oumou COULIBALY, reconnait également que l’écoulement des produits reste un défi majeur pour les sociétés de production semencières du Mali. Une situation préjudiciable à l’atteinte des objectifs de l’autosuffisance alimentaire prônée par les autorités.
Propos recueillis par
Abdoulaye OUATTARA